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Al Ceste is back !

4 février 2016

La Victimolâtrie, c'est tendance !

 

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(Je rapatrie ici une série de textes postés ailleurs. Cela car j'espère avoir un nouveau public!)

Par les temps violents d'hommages, de commémorations et de cellules psychologiques qui courent et vite, on voit se répandre une mode ambiguë, voire perverse : la victimolâtrie.


Ce qui a déclenché chez moi ma première réflexion sur ce qu’il faut faire pour les victimes, et surtout pas donner dans la victimolâtrie, c’est une scène de l’extraordinaire « La Nuit du Chasseur »

Powell, un pervers qui a poursuivi des enfants après avoir tué leur mère, Wilma Harper, est jugé. Les Spoon, un couple d’épicemards cons et bigots (ça va de pair), ceux-là même qui avaient poussé Wilma vers Powell, voyant les enfants dans la rue au sortir du procès du tueur, s’abattent sur eux en pleurant de toute leur compassion gluante, saluant ces « pauvres petits agneaux de Jésus ! ». Et là arrive Miss Cooper, qui les arrache aux griffes des deux grenouilles de bénitier et en éloigne les enfants.
Miss Cooper est la femme qui les a recueillis dans leur fuite, qui s’en occupe, qui leur donne la sécurité qu’ils n’avaient plus depuis le remariage de leur mère.
Et qui, si elle les écoute parler au bout de mois de présence chez elle, ne leur a jamais posé une seule question. Jamais. Le garçon, qui a développé une méfiance profonde envers les adultes pervers (Powell) naïfs (sa mère, les Spoon) faibles (Oncle Steptoe) finira par lui ouvrir non sa bouche mais ses mains (scène de la pomme). On peut parier qu'à partir de ce moment, il s'est remis en route.

Les victimes, c’est à la mode. Pour payer de vrais siècles d’indifférence, on fonce dans l’autre sens. On encourage la plainte plaintive, on empêche les nécessaires deuils de se faire : regardez la floraison nouvelle dans les rubriques nécrologiques des « nous ne t’oublierons jamais », des « dix ans après, la douleur est la même ». On oublie que les morts ne doivent jamais empêcher les vivants de vivre. On rejoint le système américain où les familles des victimes, des dix et vingt ans après, sont conviés à se régaler de la vengeance par injection létale. Pardonner ? Jamais. Oublier ? Jamais. Et donc, souffrir, toujours. La haine est un venin qui pourrit autant son vecteur que sa cible.

Je crois qu’il y a chez les victimophiles un paquet de calculs :
– Une victime, c’est quelqu’un de faible et de manipulable. Qu’elle ne se vive plus en victime, et ils perdent un bon client. « Enfermer les victimes dans leur statut de victime et dans une posture victimaire, c’est hypothéquer leur reconstruction ».
– C’est un merveilleux emblème du combat contre les méchants, combat rendu plus facile par la Peur, peur de tout, de l’autre, du différent, de ce qui fait que les gens en sont à ne plus même mettre de nom sur leur boite aux lettres. Et les gens qui ont peur, comme les victimes, c’est tout bénef un jour d’élection.
– C’est un excellent moyen de se faire passer pour quelqu’un de bien.

 

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4 février 2016

JEUX INTERDITS, suite

 

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Voici un texte que j’avais écrit dans les années 80, pour mes élèves – sujet classique de Brevet des Collèges : inventer une suite à un récit. Pédagogiquement, c'est tout bon : l'élève doit avoir compris l’œuvre étudiée pour réussir l'entreprise. C’était la première fois de ma vie que j’écrivais vraiment. Soyons zému.

(Inutile de dire que ce film est de mes préférés)

JEUX INTERDITS, suite

Depuis cette sinistre matinée de l’été 1940 où Michel avait vu Paulette disparaître dans un nuage de poussière, la vie avait coulé qui ensable les souvenirs avec une douceur impitoyable et transforme les enfants sérieux en adultes affairés, les fillettes rieuses en ombres muettes et les garçons confiants en hommes amers à mi-temps.

Paulette, les noires années d’orphelinat passées, élevait des chiens en souvenir de celui qu’elle avait perdu, elle ne savait plus où. Michel avait repris la ferme paternelle, gardant intact le moulin où était morte son enfance, veillée inlassablement par Monsieur le Maire, le hibou séculaire. Ni lui ni elle ne s’étaient perdus de mémoire, partageant sans le savoir la même inquiétude : et si l’autre avait oublié ?

Quand Michel apprit par ses enfants l’existence de l’émission « Au nom de l’amour », il envoya au plus vite le récit de cette histoire remontée du fond de son enfance : allait-il retrouver celle que le tourbillon de la vie lui avait donnée puis reprise avec la même rapidité ? Ce qu’il ignorait c’est que, quelque part dans une maison parisienne, une maman qui avait les cheveux encore blonds de Paulette écrivait la même lettre. Pierre Bellemare, ému de cette rencontre fulgurante entre deux êtres qui, à travers les routines de la vie, n’avaient jamais cessé de s’entre-souvenir, décida exceptionnellement d’organiser les retrouvailles sur les lieux même de la déchirure.

Et c’est ainsi que l’on vit, une paisible après-midi d’été 198..., deux familles s’en aller de concert sous l’œil discret des caméras vers un vieux moulin, quelque part dans une vallée ensoleillée. Paulette et Michel, marchant lentement derrière la joyeuse troupe, plus interdits encore qu’à leur première rencontre, se racontaient avec des mots maladroits – des mots de grands – leurs vies séparées depuis tout ce temps et la secrète blessure qui les avait privés de jouir pleinement d’un amour offert sans compter par mari, femme et enfants. Arrivée au moulin, la troupe se fit silencieuse et laissa entrer dans les ruines ceux qui, autrefois, se protégeaient là du monde indifférent des adultes. Paulette, surprise, regarda Michel escalader lourdement l’échelle de meunier qui menait au nid de Monsieur le Maire. Et son beau regard étonné se voila de larmes imperceptibles – ou si peu... – quand elle revit, bercé par les mains d’homme de Michel, les mains de la fidélité, ce collier qui serait enfin et désormais le seul souvenir de ses parents disparus.

………

(La scène finale, avec le « tiens, garde-le mille ans » adressé au hibou paisible, reste pour moi un sommet d’émotion pudique dans la volonté de se battre contre le chagrin)

4 février 2016

Pourquoi ?

Pourquoi ai-je créé ce blogue ?

- Parce ce que la marche du monde m'intéresse, qu'elle soit glorieuse (parfois) boiteuse (souvent).

- Parce que j'aime les échanges dès lors qu'ils échappent à deux travers :

* le trafic de rhubarbe et de séné,

* les attaques personnelles.

Échanger, à notre époque d'isolement voire de méfiance, c'est une question vitale.

- Parce que j'aime écrire.

Ailleurs, j'ai longtemps publié des commentaires, parfois courts, parfois longs. Sur certains médias "pure players", des articles. Deux inconvénients : on fournit de la matière éditoriale gratuite et parfois payante à des patrons "de gauche" qui inventent ainsi ce dont même le MEDEF ne rêve pas, et on ne peut pas modérer soi-même les commenatires pour évioncer les malgracieux et les trolls. Donc, mieux vaut un petit chez soi qu'un grand chez les autres.

A vous !

 

4 février 2016

Benvenuti a tutti !

Pour mon arrivée ici, je donne d'abord le guide pour la visite. Ici, on est chez moi, dans mon auberge où je compte présenter de bons plats. Bienvenus sont les gens curieux et sympathiques. Ceux qui viendraient insulter le patron ou les autres convives repartiront vite.

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